Manuscrit de Tita Reut brûlé par Christian Jaccard, dans un étui toilé, réalisé par les ateliers Dermont-Duval, à Paris. La couverture, les titres et le colophon ont été typographiés par François Huin, sur les presses de la S.A.I.G., à l’Hay-les-Roses. 19 exemplaires numérotés et signés par l’auteur et par l‘artiste. (2007)
Je happe ton nom
dans mon corps
en te prenant
dans ma bouche
Tu te phrases en chair
Tu mouvementes les mots
ce sont mes lèvres
Nous cherchons
une séquence
en déversant
Tita Reut
Christian JACCARD | Ogresse
L’œuvre de Christian Jaccard n’évoque pas seulement le travail de la main, le mouvement obsessionnel et la torsion des doigts (quand il noue), mais aussi la peau elle-même, quand elle porte ces coutures particulières que sont les tracés de la mèche lente accomplissant son destin de combustion.
Car l’œuvre de l’artiste se révèle à travers deux types de procédures : l’assemblage par ligatures, et la mise en forme, en couleurs et en rythme par le feu.
Dans le premier cas, ses stratégies de composition par le chanvre donnent à voir un accomplissement quasi archaïque de l’élaboration manuelle : les pièges que l’homme inventa, dès les origines, pour chasser, pêcher, tisser… Les paramètres d’une survie. Mais Christian Jaccard en tire une succession de greffes et d’outils qui se complexifient en projets de vie sociale jusqu’au monumental, de sorte que les objets qu’il crée excèdent le cadre fonctionnel pour cerner à la fois le concept (le temps qui s’écoule dans cette métamorphose) et l’art qui accrédite la transmutation de la nécessité en question, en contemplation.