Catherine James
Hypostase d’une icône

Un coffret en bois peint par l’artiste, contient trois photographies originales signées de Catherine James. Elles sont contrecollées sur aluminium avec un châssis rentrant et prêtes à l’accrochage. Un poème de Tita Reut écrit pour cette série, et typographié par François Huin sur les presses de la SAIG, à L’Hay-les-Roses, accompagne cette triple création.

Eric Phuong a ouvragé les coffrets, en son atelier d’Ivry-sur-Seine.

Les contrecollages ont été réalisés par Thomas Delhaye.
Deux tirages couleur argentique sur papier brillant et un tirage numérique sur papier Fine Art Noir et Blanc ont été faits par l’artiste.

Le coffret est édité à 15 exemplaires numérotés et signés au colophon par le poète et par l’artiste (2009).

G5

Et il vous faudra vivre cette défaite
en découvrant enfin
l’ange de votre absence
A cela près
que celui qui s’effondre
connaît mieux que personne
le poids que fait un corps
quand il se met debout
Tita Reut

 

L’œuvre de Catherine James met en scène une mimesis du conflit entre le sujet et le mal. Hors théologie, elle donne à voir une théogonie (mythologie) revue et corrigée par le corps dolent, actant, douloureux, c’est-à-dire une métaphore reposant sur l’allégorie religieuse, au sens de « religare », unir . Le sujet aspiré par le besoin évolué en style dérivé en vice, devient le suppôt ; le héros : un condamné qui résiste. Il n’y a pas de résolution, mais un état d’insurrection et de tension, de consistance incessantes, comme dans la condition humaine, quand elle tient. La fin est promise mais insaisissable. Seul le combat peut être mis en récit par le biais du mythe et de l’allégorie. Le problème du mal s’exprime par la superposition de deux métaphores : celle de l’histoire individuelle, celle de l’histoire générale ; on pressent le trauma d’un récit initial qui ouvre la voie et fournit la méthode.

A travers les mythes premiers de notre culture tant greco-latine que judeo-chrétienne, Catherine James retrouve les archétypes de la psychanalyse : dans l’inconscient douloureux de l’être social sommeille l’imagerie onirique du conflit avec le monstre, actif dans soi et par lesautres.
L’oeuvre de Catherine James reprend à son compte la pluralité, la polysémie du drame humain, telles qu’on les trouve dans les acceptions d’Eros livrées par Platon dans le « Banquet ». Eros est le dieu le plus ancien, le plus auguste, mais c’est aussi un dieu multiple, suivant qu’il respecte les règles de l’honnêteté, ou sombre dans la vénalité. Dans le premier cas, l’authenticité du sentiment répond à justice et tempérance pour donner lieu à l’harmonie. Dans le second cas, intervient l’idée de la moitié séparée, à partir de la fusion de l’unité primitive. L ‘Amour précepteur des dieux vainc la Nécessité, mais son désir d’immortalité se révèle dans la passion sexuelle.
Tita Reut